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Bleu petrole… Authentique…

Après avoir joué d’imprudence, puis nous avoir laissé dans le silence durant six ans, Alain Bashung revient bouleverser l’ordre des mots. Cependant, cette fois-ci, terminé les mélanges de langage parlé et flashs surréalistes, car le chanteur à l’âme Bleu Pétrole. Moins centré sur lui-même, sur ses propres modulations de fréquences intimes, l’homme nous revient plus ouvert sur les choses du monde, ainsi que sur l’époque où nous vivons.

Choix délibéré dans une vie de ménestrel décalé, Alain a de nouveau envie de mélodies, de chansons simples, au travers desquelles il se lance un vrai défi d’interprète. Ainsi, par rapport à son dernier disque, c’est au travers d’un enregistrement au format plus épuré, intentionnellement envahis par de grands espaces folk, pop ou country, que sa voix s’élève à la rencontre des laissés pour compte de notre société. Plus politique dans le verbe, plus proche qu’il ne l’a jamais été de l’actualité, le poète aux lunettes noires ne voyage plus en solitaire, mais bien en compagnie de la réalité.

Bleu profond, tirant sur le vert, si musicalement l’album brille d’une sombre mélancolie, les guitares qui en soulignent les accents savent naturellement se mettre au second plan, lorsque l’artiste s’offre, nous ouvre les portes de ses incertitudes. Plus proche d’un Johnny Cash que d’un Presley, Bashung raconte. Raconte et témoigne de sa vision de notre société au travers de pièces aussi essentielles que Tant de Nuits, Résidents de la république ou Hier à Sousse. A noter, derrière le chant tout en proximité de l’artiste, plusieurs rencontres capitales. Tout d’abord celle avec Gaëtan Roussel, leader du groupe Louise Attaque, grâce auquel se construit au fil des minutes un paysage urbain et imagé que ne renierait pas un certain Robert Zimmerman. Trempés de spleen, faisant face au concret, à l’image de Je t’ai Manqué, les textes sont forts, baignant d’une clarté faite de souffles de vie, comme d’instants mélodramatiques.

Et puis, il y a Gérard Manset. Plus particulièrement cette chanson, Comme un Lego, qui par son œil satellite nous donne une lecture du monde comme on en rencontre rarement. La vie ne serait-elle devenue qu’un jeu de dupes ? Ne serions-nous pas devenus les instruments d’une machine implacable ? En quelques questions à la poésie sombre, le duo Bashung / Manset relativise l’espoir, jette un regard embué et désabusé sur l’avenir de l’homme. [1]

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Alain Bashung - Site Officiel

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