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Wall Of Arms

Les Anglais The Maccabees n’auraient pu n’être que le bout de la comète du “retour du rock”. Ils en deviennent pourtant une étoile, brillante.

Avec leur nom trop beau pour être vrai, taillé sur mesure comme un costume de croque-mort, les Maccabees auraient pu être le groupe idéal pour annoncer officiellement la fin de la saison des guitares anglaises, l’épuisement d’un gisement ouvert avec le siècle par les Libertines ou surtout les Strokes. On aurait pu alors les lister, sur le monument aux morts des seconds couteaux d’une guerre lasse, parmi les victimes quasi quotidiennes de ce carnage organisé par quelques maréchaux cyniques (la presse anglaise, la BBC…), qui ont fait croire à une génération entière qu’il suffisait d’une veste à badges, d’un chapeau pork pie, d’un pantalon étranglé et d’une guitare crâneuse pour réclamer une pension à vie.

Sur ce point aussi, la crise économique a sévèrement touché l’Angleterre : là où le marché de la rock-song pleine de morgue et de fantômes, photocopiée à la chaîne, semblait une carrière juteuse et sûre, on ne compte plus aujourd’hui les ruptures de contrats, les séparations et les agonies cruelles.

Quelques-uns, pourtant, aux idées plus longues et aux ambitions moins maigres, n’ont pas attendu ce marasme pour abandonner le troupeau. Plutôt que tourner docilement en rond dans le pré carré de la pop en sursis, les Maccabees semblent être allés en enfer voir si l’herbe n’y était pas un peu plus rugueuse et noire. En recrutant Markus Dravs, producteur haut en souffle d’Arcade Fire, les Brightoniens ont introduit dans leur pop arty et un rien précieuse ce virus, hirsute et impoli, qui vient dégrader la raie des côté des refrains, ternir des paroles autrefois radieuses, secouer la politesse chichiteuse des guitares.

Plus sombre, plus tordu, perdu parfois dans des brouillards d’échos, Wall Of Arms n’est plus ce sage mur du son, élégamment tracé, mais sans la moindre aspérité, sans le moindre recoin. Il gagne en épaisseur, en dureté et en callosité : il laisse moins passer le soleil, mais il protège désormais glorieusement le groupe de la banalité et d’une mort inexorable.

Ben & JD Beauvallet

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