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Peaches ou les fruits défendus de l’électro trash

Electro. Humour et provocations, danse électronique et esprit punk. Avec un album franchement plus mélodique, la Canadienne devient la meilleure alternative à Madonna.

Merrill Beth Nisker, alias Peaches, ne s’est jamais préoccupée des limites du bon goût. Ou plutôt, comme son compatriote, ami et complice Gonzales, elle sait exactement où elles se situent et adore les transgresser.

Peaches apparaît devant le monde (underground) ébahi en 2000. Comme Gonzo et Feist, la Canadienne vit à Berlin, programme elle-même une bonne partie de sa musique, exploite à fond le thème de la sexualité et de la confusion des genres, avec une crudité qui en fait paradoxalement une icône féministe. À quel degré écouter Peaches ? Ce n’est jamais parfaitement clair.

En 2006, son Impeach my Bush, avec Beth « Gossip » Ditto ou Josh Homme, introduit la politique par l’absurde. Ah, elle chante aussi un duo vindicatif et hilarant avec Iggy Pop.

À 41 ans, pour son sixième album, Peaches est toujours en chasse de dancefloors, mais elle a bossé les mélodies et l’équilibre explosif du disque. Sur quelques titres, son chant se fait fragile et haut, ouvertement pop, comme sur le délicieux I Feel Cream, la ballade Loose You ou le quasi r’n’b synthétique Mud. Ailleurs, elle rappe avec aplomb, déclame avec une sensualité agressive, joue, déborde de passion comme une soulwoman.

Le travail sur la voix est très réussi, tout comme son placement par rapport à des lignes électro inventives. Il faut dire que la dame s’est bien entourée. Elle s’est occupée seule de quelques titres, mais elle cosigne les autres avec Digitalism, Soulwax ou Gonzales. Chacun de ces collaborateurs de luxe a amené une part de ses obsessions sonores, sans jamais écraser la personnalité de Peaches.

Varié et cohérent, drôle et culotté, dansant de bout en bout, c’est le meilleur disque d’une Peaches qui s’offre même, luxe impensable, quelques instants émotionnellement touchants. La vraie et meilleure alternative trash à Madonna n’est ni Gwen Stefani, ni Lady Gaga...

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