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Guns Don’t Kill People, Lazers Do !

Deux des plus excitants producteurs actuels, l’Américain Diplo et l’Anglais Switch, partent en Jamaïque revisiter le son salace du dancehall. Leur projet, fêtard et jouissif, s’intitule Major Lazer et met le feu aux strings.

Il est probable que sans Marc Bolan, Thomas Wesley Pentz se ferait appeler T. Rex aujourd’hui, et non Diplo. La nuance n’est pas énorme en fait, sauf sur le plan alimentaire. Pas besoin d’être instruit en paléontologie pour savoir que si le diplodocus du jurassique était pacifique et végétarien, son congénère du crétacé était lui féroce, vorace et carnivore. Autant de traits imputables à ce DJ et producteur américain, nouveau roi des animaux dans la jungle des musiques de danse tropicalisées.

Depuis 2005, on retrouve sa griffe sonore sur des relectures de Bloc Party, Kanye West, Radiohead ou Britney Spears, et ses coups de dents à la production sur les albums de gentes hyènes à pelage fluo comme M.I.A. et Santigold. Mais ce qui définit mieux encore ce redoutable prédateur de bpm, c’est son absence d’inhibition : qu’il s’agisse de rap, de rock, de pop ou de reggae, la bête n’a pas d’égard pour la propriété privée, passant le plus clair de son temps à mâchouiller, tel un Godzilla freestyle, le fil barbelé des clôtures délimitant les genres comme si c’était là un vulgaire ruban à la réglisse. Pareille désinvolture l’a conduit à s’installer au Brésil pendant deux ans, période qu’il mettra à profit en découvrant et produisant le groupe Bonde Do Role, fer de lance du mouvement carioca baile funk.

En 2008, c’est entre Portugal et Angola qu’il collabore avec le Buraka Som Sistema, collectif afrolusitanien avec lequel il va concevoir l’album Black Diamond, disque manifeste du novo kuduro, le hip-hop des quartiers pauvres de Luanda. Et le voilà aujourd’hui à Kingston en Jamaïque où, décidément très à l’aise sous les climats chauds, immergé dans le bain des musiques torrides, il vient d’enregistrer un album de ragga dancehall, séduisante manipulation du troisième type réalisée en compagnie de son compère Switch. A se demander si, loin d’appartenir au genre fossile préhistorique, comme le suggère son nom totémique, Diplo ne relève pas plutôt d’une espèce mutante de céphalopode, une pieuvre à neuf tentacules, tout occupée à bidouiller des sons quelque part.

A l’heure qu’il est, l’homme est à pied d’oeuvre sur les prochains M.I.A., Amanda Blank et Santigold, tout en préparant les premiers sons de la Dominicaine Maluca, d’une rappeuse new-yorkaise de 17 ans, Miss Banks, et d’un rappeur originaire de Trinidad, Lil Jon – tous signés sur son label Mad Decent. En fait, Diplo n’est pas si loin d’être une créature du lagon puisqu’il a grandi à Fort Lauderdale dans le sud de la Floride, ville surnommée “la Venise d’Amérique” en raison des marécages qui l’entourent. Son père y tient toujours un magasin d’appâts pour pêcheurs. C’est dans ce milieu où pullulent sauriens et batraciens qu’il a développé sa prime fascination pour les grands dinosaures. Passion que viendra détrôner à l’adolescence la Miami bass music, la house locale.

Parti terminer ses études à Philadelphie, il y franchira un pas définitif vers sa nouvelle vocation. Il anime des soirées dans des clubs de la ville, tout en enseignant dans un établissement pour enfants en difficulté. “J’animais des cours d’informatique que j’associais à des leçons de rap et de percussions.”

En 2004, Diplo réalise une première mixtape, Piracy Funds Terrorism, Vol. 1, sur laquelle apparaît M.I.A., alors inconnue de la scène des clubs américains. Avec lui la mixtape – sélection de titres hétérogènes enchaînés entre eux – devient un art ludique et érudit. Il y marie aussi bien Aretha Franklin à Devo que Panda Bear à Cutty Ranks, un des vétérans du dancehall. “Les types qui m’ont tout appris de la culture du mix ont été des DJ jamaïcains de New York et de Philadelphie. A 19 ans quand je me suis mis à animer des soirées, j’incluais toujours des morceaux de dancehall parce que ça faisait une excellente transition entre hip-hop et house. Les dénominateurs communs à toutes les musiques de danse actuelles sont la Jamaïque et le reggae.”

Major Lazer, son dernier projet, a donc été réalisé avec son alter ego anglais, Switch, au cours de l’été 2008 au studio Tuff Gong de Kingston, temple du reggae roots. C’est que dans l’esprit du producteur, pas plus ici qu’ailleurs, il ne saurait y avoir de barrières entre un style et un autre, une époque et la suivante. Guns Don’t Kill People, Lazers Do ! a beau être un vrai disque de dancehall bionique, manipulant les courants à la mode, gun clap, slackness et soca, il fait également grand cas des racines.

Du moins s’en amuse-t-il comme sur Can’t Stop Now où le vieux riddim 70’s du Barbwire de Nora Dean devient propice à jeu vocal entre Mr. Vegas et Jovi Rockwell. La Jamaïque selon Diplo n’est décidément pas la mecque des gagas de Jah, mais plutôt un parc d’attractions sonores où rien n’est plus jouissif que de combiner l’intro du Wipe out des Surfaris avec un toast mariant le yardie Mr. Lex et l’exubérante New-Yorkaise Santigold (Hold the Line). Dans ce parc à thème caribéen, où s’ébattent zombies, bitches, rudies, guérilleros du son et un Diplo vraiment très inspiré, on danse et on s’amuse. C’est énorme.

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1 Message

  1. dziil73 dit :

    jante 308 gti


    pneuboat Hors son pneu uniroyal avis là pneumatique 600 bandit ils ponceuse pneumatique pas cherque pneu supermotard où pneu 307 si moto ural

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