Accueil du site > Culture > Cd > Massive Attack élargit son cercle

Massive Attack élargit son cercle

Le groupe phare des années 1990 retrouve son éclat avec un nouvel album collégial.

Il s’en est fallu de peu pour que le nouvel album de Massive Attack, qui paraît ces jours-ci, ne voie jamais le jour. Empêtrée dans des conflits d’ego irrésolubles, la formation phare du trip-hop semblait incapable de retrouver les sommets d’antan. Ce qui achève de donner à Heligoland (EMI) des allures de petit miracle. Sans retrouver tout à fait la majesté de Mezzanine (1998), Massive Attack y affiche une vigueur retrouvée, après l’oppressant 100th Window.

Réconciliés, Robert Del Naja et Grant Marshall ont peaufiné ce disque de longs mois avant de le publier. « Nous pensions sortir un album l’an passé, mais nous avons tout recommencé, ce qui nous a fait prendre un an de retard , explique Marshall, alias Daddy G, de retour dans le groupe. Heligoland est un disque collégial, en tout point opposé au précédent, qui était très froid », confirme Del Naja, alias 3D.

Mise au point il y a près de vingt ans, la formule Massive Attack se renouvelle au gré des collaborations et des envies uniquement. « Nous n’avons jamais essayé d’obéir à une stratégie commerciale. » Chaque album marque une profonde remise en question. Cette fois-ci, Massive Attack avait envie de retrouver des sons organiques, ceux de la basse, de la batterie, des guitares, et, surtout des voix. Jamais les chanteurs invités n’ont été aussi nombreux. De Hope Sandoval à Damon Albarn en passant par Guy Garvey et Horace Andy, Heligoland explore maintes contrées vocales. Paradoxalement, c’est en multipliant les collaborations que ce groupe a toujours puisé son identité profonde, loin de se faire phagocyter par ses intervenants.

De groupe à la mode à institution musicale

« Chaque morceau raconte une histoire différente. Le plus difficile a été de les faire cohabiter sur le même disque. Avec chaque album, on cherche à détruire notre identité pour mieux la reconstruire. »

Avec le tournant de l’an 2000, Massive Attack est passé de groupe à la mode à institution musicale. Copié à l’envi, le son qu’ils ont mis au point à Bristol est devenu un des plus influents des vingt dernières années. « Nous avons commencé en empruntant les meilleurs éléments des disques que nous aimions. Il n’y a pas de raison pour que nous ne soyons pas pillés à notre tour », s’amusent-ils. Leur immense popularité ne s’est jamais démentie dans notre pays, où ils remplissent d’immenses salles à chacune de leurs venues. Intrinsèquement britannique, le groupe ne dépasse pas le statut de « culte » aux États-Unis.

Sans complètement réformer le son du groupe, Heligoland montre que Massive Attack continue de s’ouvrir à différentes influences. Née des cendres du collectif Wild Bunch, sound-system à la mode dans leurs régions, la formation est animée par d’authentiques dingues de musique, capable de s’enflammer pour de nouveaux sons. Et si l’aventure de leur label Melankolic s’est achevée, ils ont gardé intacte cette mission de passeurs de musique.

Réagir à cet article