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The Mooney Suzuki : Toujours le même hard-rock

Ils en ont sans doute marre de se faire traiter de ringards chevelus en petits blousons de cuir par tous leurs amis hip new-yorkais. Vrai, en activité depuis 1996, les Mooney Suzuki cumulent les références bébêtes au début des seventies. Le nom du groupe plante le décor : un collage réalisé à partir du patronyme des deux chanteurs de Can, Malcolm Mooney et Damo Suzuki. Et la pochette kraft de ce quatrième album renvoie elle directement au “Third” de Soft Machine. Cela posé, les Mooney possèdent des aspirations nettement plus terrestres. Oui et ces amis assument fièrement leur adoration des grands tripatouilleurs de guitare électrifiée : Led Zeppelin, AC/DC, Allman Brothers, etc. Ce périmètre, les Mooney Suzuki l’ont déjà largement ratissé en trois disques remplis de riffs, de solos lourds. Intelligemment, quand leurs cousins Datsuns s’obstinent toujours à modeler le même hard rock, Sammy James Jr et ses camarades osent un voyage plus aventureux, truffé de références mais suffisamment bien agencé pour procurer à l’auditeur une joie de nigaud. En rotation régulière sur le lecteur de cette rédaction, les chansons de “Have Mercy” ont engendré l’évocation de noms un peu laissés pour compte ces derniers temps. Depuis, disons, trente ans : Gerry Rafferty, Steve Miller… En ouverture le quatuor fait sienne la devise d’Edison sur “99 %” : 1 % d’inspiration, 99 % de transpiration. Plus prosaïquement le titre évoque les Stones de “Tumbling Dice” (les chœurs gospel, la guitare) ou Deep Purple reprenant le “Hush” de Billie Joe Royal. Un orgue Hammond vient ensuite s’immiscer sur un rock shuffle consistant (“The Broke Heart Of Mine”). Et les paroles ? Les thèmes abordés sont, hum, basique. Sur la splendide “Rock’n’Roller Girl”, Sammy James Jr souhaite compter fleurette à une jeune fille. Sa meilleure arme pour la séduire est encore de lui parler de sa collection de disques : “Non, tu ne seras jamais plus vieille que les Rolling Stones/ Non, jamais tu ne seras plus vieille que les Ramones”. On ignore si la fille a succombé, mais c’est un classique instantané, avec ce génial côté cœur brisé mais punk que possédaient les New York Dolls. La voix grave éraillée est d’ailleurs aussi expressive que celle de Johansen. Toujours rester simple, direct, sincère. Les filles ? “D’abord c’est l’amour, ensuite les complications” (“First Comes Love”). Le propos est magnifiquement mis en musique dans une cavalcade électrique au refrain grandiose. Le moment adéquat pour refaire le carillon de “Born To Run” ! Les Mooney Suzuki sont-ils des artistes bouleversants ou seulement de bons copains tout droit sortis de la sitcom “That 70’s Show” ? On penche pour la seconde option car la ballade “The Prime Of Life”, avec sa slide et sa guitare folk, est un peu faible. Les Suzuki n’ont pas encore écrit “Wild Horses” et personne ne leur en veut. Ils savent en revanche avancer quelques idées rigolotes quant à leurs préférences toxiques (“Good Ol’ Alcohol”). Sur fond d’arrangements bastringues (piano, trombone), Sammy James Jr dit en substance que s’enquiller huit pintes un soir de semaine est mieux que tout le reste, y compris les champignons, l’herbe ou l’écoute d’ “Electric Ladyland”. Il fallait un rock joué pied au plancher pour compléter le tout. “You Never Really Wanted To Rock’n’Roll” fait la farce, total décalque de “Great Balls Of Fire” mais idéal générique de fin pour cet album léger et jubilatoire.

source : R&F Basile Farkas